L'insecte ailé, Alphonse de Lamartine,
Odeurs des myrtils, Louis Aragon, Les poètes
Odeur des myrtils
Dans les grands paniers
Que demeure-t-il
De nous au grenier
Odeur des myrtils
Dans les grands paniers
Ombre mon royaume
Je retrouverais
Les anciens arômes
Et les noirs portraits
Les enfants qui dorment
Les fauteuils boiteux
Les ombres difformes
La trace des jeux
Odeur des myrtils
[…]
Dans les grands paniers
C'était moi peut-être
Ou peut-être vous
Les yeux des fenêtres
Sont vides et fous
Dans les mois de paille
Il fait doux guetter
Le cri court des cailles
Divisant l'été
Odeur des myrtils
[…]
Dans les grands paniers
Le vent se repose
Aux bords bleus du temps
Les hérons gris-rose
Marchent sur l'étang
Il me semble entendre
Un train loin d'ici
Dans les osiers tendres
Le jour est assis
Odeur des myrtils
[…]
Dans les grands paniers
La fin d'août paresse
Et les arbres font
De lentes caresses
Aux plafonds profonds
Mémoire qui meurt
Photos effacées
Rumeur ô rumeur
Des choses passées
Odeur des myrtils
[…]
Dans les grands paniers
Louis Aragon, Les poètes
Odeurs des myrtils, mis en musique et chanté par Jean Ferrat
Fut-il jamais douceur de cœur pareille, Alfred de Musset, Poésies nouvelles, 1842
Fut-il jamais douceur de cœur pareille, d'Alfred de Musset, 1842, est extrait du recueil Poésies nouvelles.
Célébration du 14 juillet dans la forêt, Victor Hugo, Les chansons des rues et des bois, 1865
Qu’il est joyeux aujourd'hui
Le chêne aux rameaux sans nombre,
Mystérieux point d’appui
De toute la forêt sombre !
Comme quand nous triomphons,
Il frémit, l’arbre civique ;
Il répand à plis profonds
Sa grande ombre magnifique.
D'où lui vient cette gaieté ?
D'où vient qu’il vibre et se dresse,
Et semble faire à l’été
Une plus fière caresse ?
C’est le quatorze juillet.
À pareil jour, sur la terre
La liberté s’éveillait
Et riait dans le tonnerre.
Peuple, à pareil jour râlait
Le passé, ce noir pirate ;
Paris prenait au collet
La Bastille scélérate.
À pareil jour, un décret
Chassait la nuit de la France,
Et l’infini s’éclairait
Du côté de l’espérance.
Tous les ans, à pareil jour,
Le chêne au Dieu qui nous crée
Envoie un frisson d’amour,
Et rit à l’aube sacrée.
Il se souvient, tout joyeux,
Comme on lui prenait ses branches !
L’âme humaine dans les cieux,
Fière, ouvrait ses ailes blanches.
Car le vieux chêne est gaulois :
Il hait la nuit et le cloître ;
Il ne sait pas d’autres lois
Que d’être grand et de croître.
Il est grec, il est romain ;
Sa cime monte, âpre et noire,
Au-dessus du genre humain
Dans une lueur de gloire.
Sa feuille, chère aux soldats,
Va, sans peur et sans reproche,
Du front d’Epaminondas
À l’uniforme de Hoche.
Il est le vieillard des bois ;
Il a, richesse de l’âge,
Dans sa racine Autrefois,
Et Demain dans son feuillage.
Les rayons, les vents, les eaux,
Tremblent dans toutes ses fibres ;
Comme il a besoin d’oiseaux,
Il aime les peuples libres.
C’est son jour. Il est content.
C’est l’immense anniversaire.
Paris était haletant.
La lumière était sincère.
Au loin roulait le tambour…
Jour béni ! jour populaire,
Où l’on vit un chant d’amour
Sortir d’un cri de colère !
Il tressaille, aux vents bercé,
Colosse où dans l’ombre austère
L’avenir et le passé
Mêlent leur double mystère.
Les éclipses, s’il en est,
Ce vieux naïf les ignore.
Il sait que tout ce qui naît,
L’œuf muet, le vent sonore,
Le nid rempli de bonheur,
La fleur sortant des décombres,
Est la parole d’honneur
Que Dieu donne aux vivants sombres.
Il sait, calme et souriant,
Sérénité formidable !
Qu’un peuple est un orient,
Et que l’astre est imperdable.
Il me salue en passant,
L’arbre auguste et centenaire ;
Et dans le bois innocent
Qui chante et que je vénère,
Étalant mille couleurs,
Autour du chêne superbe
Toutes les petites fleurs
Font leur toilette dans l’herbe.
L’aurore aux pavots dormants
Verse sa coupe enchantée ;
Le lys met ses diamants ;
La rose est décolletée.
Aux chenilles de velours
Le jasmin tend ses aiguières ;
L’arum conte ses amours,
Et la garance ses guerres.
Le moineau-franc, gai, taquin,
Dans le houx qui se pavoise,
D'un refrain républicain
Orne sa chanson grivoise.
L’ajonc rit près du chemin ;
Tous les buissons des ravines
Ont leur bouquet à la main ;
L’air est plein de voix divines.
Et ce doux monde charmant,
Heureux sous le ciel prospère,
Épanoui, dit gaiement :
C’est la fête du grand-père.
Victor Hugo
La fleur, Philippe Wilmart
La libellule, Camille Saint Saëns, Rimes familières, 1890
Camille Saint-Saëns, pianiste, organiste et compositeur français, était également un talentueux poète !
À Aurore, Georges Sand, Contes d'une grand-mère,
En uniforme rouge et noir, Elizabeth Robin
Les coccinelles, Michelle Flamme
Ce joli poème m'a permis de découvrir son auteure et un site très agréable à parcourir !
Voici le lien: