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Arthur Rimbaud, Le dormeur du Val / Sensation

Publié le par Elizabeth Robin

photo: ©Juan Jose Bujidos / traitement photo: Elizabeth Robin

photo: ©Juan Jose Bujidos / traitement photo: Elizabeth Robin

Le dormeur du Val

C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

 

Un autre poème, magnifique... :

 

 

Sensation

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme.

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Je ne prends que deux secondes pour écrire le mot temps... Gilles Vigneault

Publié le par Elizabeth Robin

photo: © Juan Jose Bujidos

photo: © Juan Jose Bujidos

Je ne prends que deux secondes

Pour écrire le mot temps.

Á la troisième, j'attends

Que l'éternité réponde,

Mais elle se tait.

Mon cœur qui bat la mesure

Me réveille et me rassure,

Je serai ce que j'étais

Et je suis ce que j'étais. 

Mais vivre et choisir mes chaînes

Reste mon chasse chagrin,

Mon bâton de pèlerin.

Va vers la maison prochaine,

Elle attend sous les roseaux

Que tout un peuple se taise

Et que je dorme à mon aise

En possession de mes os.

Entre-temps je m'habitue

Á dormir de ce sommeil

Sans un rêve et sans réveil,

Et sur un train de tortues,

Je fais chaque jour un pas

Qui m'approche de mon âme;

Elle a le pas d'une dame

Qui ne se retourne pas.

 

 

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Vincent Voiture, Les demoiselles de ce temps

Publié le par Elizabeth Robin

photo: © Juan Jose Bujidos / traitement photo: Elizabeth Robin

photo: © Juan Jose Bujidos / traitement photo: Elizabeth Robin

Les demoiselles de ce temps

Ont depuis peu beaucoup d'amants;

On dit qu'il n'en manque à personne,

L'année est bonne.

 

Nous avons vu les ans passés

Que les amants étaient glacés;

Mais maintenant tout en foisonne,

L'année est bonne.

 

Le temps n'est pas bien loin encor

Qu'ils se vendaient au poids de l'or,

Et pour le présent on les donne,

L'année est bonne.

 

Le soleil de nous rapproché

Rend le monde plus échauffé;

L'amour règne, le sang bouillonne,

L'année est bonne.

 

Beaucoup d'humour avec ce poème presque visionnaire puisque Vincent  Voiture a vécu de 1597 à 1648.

 

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Automne charmeur...,Elizabeth Robin (Á la semelle des petits souliers, 2017)

Publié le par Elizabeth Robin

Photo: © Juan Jose Bujidos / Elizabeth Robin

Photo: © Juan Jose Bujidos / Elizabeth Robin

 

Ombre d'automne, extrait de "Á la semelle des petits souliers", © Elizabeth Robin

Attrapée par le vent,

Une feuille plane à l’endroit, à l’envers,

Tournoie, puis se pose sur le lichen vert.

Ombre d’automne

Mêle ocre et roux et teint le vert,

N’éteint le vert qu’à l’arrivée de l’hiver

En pleurant sur l’épais manteau. 

 

Oies messagères, extrait de "Á la semelle des petits souliers", © Elizabeth Robin

Alertées par un vent froid,

Une oie, puis deux, puis trois, puis cent oies,

Tardivement survolent quelques cents toits.

Oubliés l’étang et les nids de printemps !

Maintenant il est temps de fuir l’hiver et sa loi !

Nous disent au revoir au moins cent mille oies

En écrivant dans le ciel le V de leur voyage, le V du vol d’oies.

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Le brouillard, Maurice Carême

Publié le par Elizabeth Robin

photo: ©Elizabeth Robin

photo: ©Elizabeth Robin

Le brouillard a tout mis

Dans son sac de coton;

Le brouillard a tout pris

Autour de ma maison.

 

Plus de fleurs au jardin,

Plus d'arbres dans l'allée;

La serre des voisins

Semble s'être envolée.

 

Et je ne sais vraiment

Où peut s'être posé

Le moineau que j'entends

Si tristement crier.

 

Maurice Carême

 

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Ballade à la lune, Alfred de Musset

Publié le par Elizabeth Robin

photo: ©Juan Jose Bujidos, montage: Elizabeth Robin

photo: ©Juan Jose Bujidos, montage: Elizabeth Robin

C'était, dans la nuit brune, 
Sur le clocher jauni, 
La lune 
Comme un point sur un i. 

Lune, quel esprit sombre 
Promène au bout d'un fil, 
Dans l'ombre, 
Ta face et ton profil ? 

Es-tu l'oeil du ciel borgne ? 
Quel chérubin cafard 
Nous lorgne 
Sous ton masque blafard ? 

N'es-tu rien qu'une boule, 
Qu'un grand faucheux bien gras 
Qui roule 
Sans pattes et sans bras ? 

Es-tu, je t'en soupçonne, 
Le vieux cadran de fer 
Qui sonne 
L'heure aux damnés d'enfer ? 

Sur ton front qui voyage. 
Ce soir ont-ils compté 
Quel âge 
A leur éternité ? 

Est-ce un ver qui te ronge 
Quand ton disque noirci 
S'allonge 
En croissant rétréci ? 

Qui t'avait éborgnée, 
L'autre nuit ? T'étais-tu 
Cognée 
A quelque arbre pointu ? 

Car tu vins, pâle et morne 
Coller sur mes carreaux 
Ta corne 
À travers les barreaux. 

Va, lune moribonde, 
Le beau corps de Phébé 
La blonde 
Dans la mer est tombé. 

Tu n'en es que la face 
Et déjà, tout ridé, 
S'efface 
Ton front dépossédé. 

Rends-nous la chasseresse, 
Blanche, au sein virginal, 
Qui presse 
Quelque cerf matinal ! 

Oh ! sous le vert platane 
Sous les frais coudriers, 
Diane, 
Et ses grands lévriers ! 

Le chevreau noir qui doute, 
Pendu sur un rocher, 
L'écoute, 
L'écoute s'approcher. 

Et, suivant leurs curées, 
Par les vaux, par les blés, 
Les prées, 
Ses chiens s'en sont allés. 

Oh ! le soir, dans la brise, 
Phoebé, soeur d'Apollo, 
Surprise 
A l'ombre, un pied dans l'eau ! 

Phoebé qui, la nuit close, 
Aux lèvres d'un berger 
Se pose, 
Comme un oiseau léger. 

 

Lune, en notre mémoire,

De tes belles amours

L'histoire

t'embellira toujours.

 

Et toujours rajeunie,

Tu seras du passant

Bénie,

Pleine lune ou croissant.

 

T'aimera le vieux pâtre,

Seul, tandis qu'à ton front

D'albâtre

Ses dogues aboieront.

 

T'aimera le pilote

Dans son grand bâtiment,

Qui flotte,

Sous le clair firmament.

 

Et la fillette preste

Qui passe le buisson,

Pied leste,

En chantant sa chanson.

 

Comme un ours à la chaîne,

Toujours sous tes yeux bleus

Se traîne

L'océan monstrueux.

 

Et qu'il vente ou qu'il neige

Moi-même, chaque soir,

Que fais-je,

Venant ici m'asseoir ?

 

Je viens voir à la brune,

Sur le clocher jauni,

La lune

Comme un point sur un i.

 

Peut-être quand déchante

Quelque pauvre mari,

Méchante,

De loin tu lui souris.

 

Dans sa douleur amère,

Quand au gendre béni

La mère

Livre la clef du nid,

 

Le pied dans sa pantoufle,

Voilà l'époux tout prêt

Qui souffle

Le bougeoir indiscret.

 

Au pudique Hyménée

La vierge qui se croit

Menée,

Grelotte en son lit froid,

 

Mais Monsieur tout en flamme

Commence à rudoyer

Madame,

Qui commence à crier.

 

"Ouf ! dit-il, je travaille,

Ma bonne, et ne fais rien

Qui vaille;

Tu ne te tiens pas bien."

 

Et vite il se dépêche.

Mais quel démon caché

L'empêche

De commettre un péché?

 

"Ah ! dit-il, prenons garde.

Quel témoin curieux

Regarde

Avec ces deux grands yeux ?"

 

Et c'est, dans la nuit brune,

Sur un clocher jauni,

La lune

Comme un point sur un i.

 

 

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Les souvenirs sont du vent, ils inventent les nuages. Jules Supervielle

Publié le par Elizabeth Robin

photos: ©Juan Jose Bujidos; montage: Elizabeth Robin

photos: ©Juan Jose Bujidos; montage: Elizabeth Robin

Les souvenirs sont du vent, ils inventent les nuages.

Jules Supervielle / Le corps tragique

Le monde est plein de voix qui perdirent visage et tournent nuit et jour pour en demander un.

Jules Supervielle / Les amis inconnus 

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Á la semelle des petits souliers

Publié le par Elizabeth Robin

Elizabeth Robin
Elizabeth Robin

Elizabeth Robin

Voici un nouveau recueil Á la semelle des petits souliers, publié aux éditions Flam en avril 2017, © Elizabeth Robin.

J'ai écrit cette fois pour les enfants, mais je dois reconnaître et préciser "pas interdit aux adultes" ! Petits et grands s'y retrouvent joyeusement !

Redécouvrez le songe, l'imaginaire, les éclats de rire au fil de ces pages illustrées par de magnifiques photos de Juan Jose Bujidos et de moi-même !

Disponible via ce blog, ou adresse mail : eliz.rob77@gmail.com

Elizabeth Robin

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Tourbillon

Publié le par Elizabeth Robin

Tourbillon
Tourbillon

Tourbillon

Voici l'ensemble poétique Tourbillon, avec version espagnole, publié aux éditions Flam en septembre 2015.

Aquí está el poemario Tourbillon, con la versión española, publicado en las ediciones Flam, septiembre 2015.

Disponible sur :

Amazon (format Kindle) : https://www.amazon.fr/TOURBILLON-Elizabeth-Robin-ebook/dp/B01E90ZTHK/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1466426520&sr=1-1&keywords=tourbillon+elizabeth+robin

Mais aussi en format broché via ce site.

Elizabeth Robin

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Vents dominants

Publié le par Elizabeth Robin

photo: Elizabeth Robin

Voici mon premier recueil de poésie Vents dominants, publié aux éditions 7écrit en novembre 2014.

Disponible sur :

Amazon (format broché et format Kindle) : https://www.amazon.fr/Vents-dominants-Elizabeth-Robin-ebook/dp/B017RN4GJS/ref=sr_1_7?s=books&ie=UTF8&qid=1466425341&sr=1-7&keywords=vents+dominants

Fnac Internet : http://livre.fnac.com/a9852203/Elizabeth-Robin-Vents-dominants

Mais aussi en commande via ce site.

Elizabeth Robin

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